Septième principe (1)
L'interdiction du lashone har'a ; Septième principe :
Remarques préliminaires :
Dans ces chapitres, on expliquera le issour d'accepter des paroles de lashone har'a, qu'elles soient prononcées devant trois [personnes] ou devant lui [seul]. On verra le din (la loi applicable) s'il a entendu ces paroles de nombreuses personnes, ou lorsque [la chose est] de notoriété publique, ou bien que ces paroles ont été prononcées « en toute innocence », ou encore dans le cas ou l'on croit les paroles du médisant comme on croit la parole de deux témoins.
Ce chapitre contient quatorze sections.
Septième principe : première section
Le issour d'accepter des paroles de lashone har'a s'applique même si la personne parle en public, devant de nombreuses personnes. On ne doit pas conclure pour autant que la chose est vraie, mais les auditeurs peuvent soupçonner [qu'elle pourrait être vraie], et chercher à vérifier. S'il s'avère que les paroles entendues sont conformes à la vérité, ils devront [dans la mesure du possible] réprimander la personne concernée pour ce qu'elle a fait ou dit.
Septième principe : deuxième section
Il n'existe pas de héter (de permission rabbinique) de croire des paroles de lashone har'a, même dites en présence [de la personne], tant qu'on n'a pas eu la confirmation de la part de ladite personne. A fortiori avons-nous l'interdiction d'y ajouter foi si celui qui parle ainsi n'est pas en présence de la personne dont il parle, mais affirme seulement qu'il aurait parlé de la même façon devant elle.
Du fait de nos nombreuses fautes, beaucoup de gens trébuchent à cet égard.
Même si [la personne dont on parle] reste silencieuse alors que des paroles malveillantes sont proférées à son sujet, on ne peut en tirer aucune preuve de la véracité de ces paroles. Même si cette personne, du fait de sa nature, ne reste jamais sans réaction lorsqu'on dit quelque chose de négatif à son sujet, le fait que dans ce cas elle reste silencieuse [ne constitue pas une preuve qu'elle est coupable], parce qu'il est possible que, cette fois, elle ait dominé sa nature, et résolu de ne pas alimenter la querelle. Elle a peut-être également pensé que les paroles de son accusateur seront crues, mais que les siennes ne le seront pas, car il est dans la nature des choses qu'une parole [négative] proférée une fois en face de quelqu'un, même s'il dément une centaine de fois, sera crue de préférence aux dénégations de la victime d'un médisance (1). Il aura donc « pris conseil de lui-même », et aura préféré se taire, et faire partie de ceux à qui l'on a fait honte. De tout cela il apparaît qu'il est interdit de penser que le silence de cette personne est la preuve de la véracité de l'accusation dont elle fait l'objet.
Un épisode de la vie du roi
David illustre ces enseignements du Ḥafets Ḥayim. Alors
que son fils Avshalom a réuni ses partisans à Jérusalem et tente
de s'emparer du trône de son père, David doit prendre la fuite,
avec quelques-uns de ses fidèles. Il croise le chemin d'un certain
Shim'i ben Ghera :
« Le roi David venait d'atteindre Baḥourim lorsqu'il en vit sortir un homme de la famille de Shaoul, nommé Shim'i, fils de Ghêra, qui, tout en s'avançant, l'accablait d'injures, lançait des pierres à David et à tous ses serviteurs, à toute la foule et à tous les guerriers qui l'entouraient à droite et à gauche. Et Shim'i s'exprimait ainsi dans ses imprécations : "Va-t'en, va-t'en, homme de sang, homme indigne ! HaShem a fait retomber sur toi tout le sang de la maison de Shaoul dont tu occupes le trône, et a fait passer la royauté aux mains de ton fils Avshalom. Te voilà puni de ta méchanceté, homme de sang que tu es (כִּי אִישׁ דָּמִים, אָתָּה) (2)!" Avishaï, fils de Tserouyah , dit au roi : "Pourquoi laisse-t-on ce chien mort insulter le roi mon maître ? Permets-moi d'avancer et de lui trancher la tête." Le roi répondit: "Qu'ai-je affaire de vous, enfants de Tserouyah ? S'il insulte ainsi, c'est que HaShem lui aura inspiré d'insulter David (ה' אָמַר לוֹ קַלֵּל אֶת-דָּוִד) qui lui demandera compte de sa conduite ?" Puis il dit à Avishaï et à tous ses serviteurs : "Si mon propre fils, sorti de mes entrailles, en veut à ma vie, qu'attendre de ce Ben-Yémini (3) ? Laissez-le prodiguer l'injure, si HaShem le lui a dit ! Peut-être HaShem considérera-t-Il ma situation et me rendra-t-Il du bonheur en échange des outrages que je subis en ce jour." »
II Samuel 16,5-12

Le roi David
Mis en ligne le 3 Tishri 5783 (28 septembre 2022)
1 Ce qu'on appelle « le cycle des médias » ou les réseaux sociaux démontrent chaque jour la véracité de cet enseignement du Ḥafets Ḥayim.
2 David, qui était roux (adom, rouge, en affinité avec dam : le sang), avait depuis l'enfance la réputation d'un être sanguinaire. Il est vrai que la raison pour laquelle HaShem ne le laissa pas construire le Beth haMiqdash est bien qu'il avait en effet fait couler beaucoup de sang. Mais il est évident qu'il ne tua jamais personne sans ordre divin, et les guerres qu'il dut mener lui furent toujours imposées.
3 De la tribu de Benyamin (Benjamin) à laquelle appartenait Shaoul, le prédécesseur de David sur le trône d'Israël.