Second principe (1)
Pour l'élévation de l'âme des victimes des atroces attentats qui ont eu lieu des jours-ci en Erets Yisrael, et pour la réfoua chelema de ceux qui ont été blessés, ainsi que de tous les malades en Israël.
L'interdiction du lashone har'a ; Premier principe : Huitième section
L'interdiction du lashone har'a s'applique non seulement pour des paroles émises par la bouche, mais aussi pour des mots écrits dans une lettre (1). Il n'y a pas non plus de différence entre le fait d'exprimer explicitement [de telles paroles] ou par des signes. Dans toutes ces modalités, il s'agit de lashone har'a.
L'interdiction du lashone har'a ; Premier principe : Neuvième section
Sache aussi que même si, dénigrant son prochain, il se dénigre lui-même [et s'applique à] lui même un qualificatif semblable, même s'il a commencé par son autocritique, il n'a pour autant pas quitté les rangs des calomniateurs.
L'interdiction du lashone har'a ; Second principe
L'interdiction du lashone har'a ; Second principe : Remarques préliminaires
Dans ce chapitre on expliquera en détails. le din (2) de lashone har'a en présence de trois personnes (בְּאַפֵּי תְּלָתָא - apéi telata). Il comprend treize sections.
L'interdiction du lashone har'a ; Second principe : Première section
Le lashone har'a est interdit à l'encontre de son prochain, même si c'est la vérité, et même devant une personne, et a fortiori devant de nombreuses personnes. Plus les auditeurs sont nombreux, plus grave est la faute de l'orateur, parce que son prochain en est d'autant plus humilié, sa faiblesse étant ainsi exhibée devant plusieurs personnes.
On doit ajouter que [celui qui parle ainsi] entraîne plusieurs personnes à fauter en prêtant l'oreille au lashone har'a.
L'interdiction du lashone har'a ; Second principe : Deuxième section
En ce qui concerne le « héter » que l'on trouve dans les paroles de nos Sages, [à savoir la permission] de parler devant trois personnes, cela ne s'applique qu'à une chose qui n'est pas incontestablement péjorative (3), mais qui peut être interprétée de deux manières [opposées]. On sait bien que tout dépend de la manière dont les choses sont dites. C'est cela que Ḥazal ont voulu autoriser à dire devant trois personnes. Le raisonnement [des Ḥakhamim], c'est que puisqu'il parle devant trois personnes, il peut être certain que la chose viendra aux oreilles de la personne concernée (puisque « ton ami a un ami... » (4)) Par conséquent, celui qui parle de cette manière se sent assuré que ses paroles ne seront pas interprétées négativement.
Un exemple va servir d'illustration [à ce principe.]
Si l'on demande à quelqu'un : « Sais-tu où l'on peut trouver du feu ? » On lui répond : « Tu pourras en trouver là-bas, ils cuisinent en permanence de la viande et du poisson. » [Cette réponse] pourra être interprétée d'après la manière dont elle a été dite sur le moment. Si c'est son intention, il peut la formuler de telle manière qu'on n'y perçoive aucun dénigrement de son prochain, et en vérité il se peut qu'il ne commette aucune faute [en parlant ainsi.] C'est peut-être que [la personne en question] a une grande famille, et que HaQadosh Baroukh Hou l'a bénie par une grande prospérité, ou bien qu'elle tient une auberge, ou un autre commerce du même genre. De sorte que lorsqu'on lui demande où l'on peut trouver du feu il répond tout simplement qu'on ne peut pas en trouver [à cette heure de la journée], sinon dans telle maison où ils cuisinent constamment...etc.
Tout cela appartient à la catégorie de « poussière de lashone har'a » (5), selon la manière dont on s'exprime sur le moment. Mais si le ton de sa voix et ses gestes suggèrent que le propriétaire de ladite maison] se livre à des excès de nourriture, même si ce n'est pas à proprement parler insultant, Ḥazal ont qualifié cela de « poussière de lashone har'a », et ils ont par conséquent interdit de parler ainsi devant trois personnes. (6)
L'interdiction du lashone har'a ; Second principe : Troisième section
Certains disent que si quelqu'un dénigre son prochain en paroles devant trois personnes, bien qu'il transgresse certainement le issour du lashone har'a, comme on l'a vu, mais que l'une des trois va répéter la chose à d'autres, il ne transgresse pas l'interdiction du lashone har'a. En effet, du fait que trois personnes en sont déjà averties, l'information est à présent entendue et connue de tous, car « Ton ami a un ami...etc. » (7) Et la Torah n'a pas interdit en tant que lashone har'a ce qui est destiné à être connu de tous.
Cela n'est vrai cependant que s'il répète la chose au passage, mais non si son intention est de la répandre et d'en faire davantage de publicité. Même s'il ne rapporte pas les choses en nommant la personne dont il les tient [il n'y a donc pas de rékhilout], mais au détour [de la conversation] de sorte que telle chose soit entendue au sujet d'untel, il n'échappe pas au issour du lashone har'a.
L'interdiction du lashone har'a ; Second principe : Quatrième section
Ce héter [de répéter la chose à une personne] lorsqu'il n'a aucune intention de rendre la chose publique, ne s'applique cependant qu'au premier auditeur, qui a personnellement entendu ce que Réouven a dit de Shim'on en présence de trois personnes. Mais celui qui l'a entendu de ce premier auditeur ne peut s'appuyer sur le fait que c'est une chose qui a été dite [à l'origine] devant trois personnes, et n'a pas le droit de répéter les paroles malveillantes qu'il a entendues au sujet de Shim'on, même s'il ne précise pas qui a émis ces paroles, à moins que la chose ne soit désormais de notoriété publique.
Cette règle ne s'applique pas seulement lorsque cet auditeur secondaire ignore lui-même si l'allégation (que Réouven a médit de Shim'on) est vraie, auquel cas il lui est certainement interdit de croire que Réouven a transgressé l'interdiction du lashone har'a.
Mais même s'il sait pertinemment que Réouven a bel et bien dit du mal de Shim'on, mais qu'il ignore si ces paroles médisantes ont été prononcées en présence de trois personnes, il n'a pas le droit de s'appuyer sur ses paroles. On [doit] craindre que trois personnes n'aient pas été présentes et que la chose ne soit pas destinée à être rendue publique. C'est pourquoi il est interdit [à ce second auditeur] d'en parler à qui que ce soit !
L'interdiction du lashone har'a ; Second principe : Cinquième section
Il me semble (8) que si ces paroles prononcées devant trois individus l'ont été devant des personnes craignant D., et qui se gardent d'enfreindre l'interdiction du lashone har'a, de telles paroles ne seront sûrement pas écoutées. Dès lors, la Torah interdit de les répéter par la suite à qui que ce soit. Même si une seule de ces trois personnes avait la crainte du Ciel, et se montre scrupuleuse dans ce domaine, le din reste le même, parce que dans ce cas, il n'y a plus trois personnes susceptibles de rendre la chose publique (9). Et il se peut que ce soit également la règle si l'un des trois [auditeurs « primaires »] a un lien familial ou est un ami proche de la personne qui est l'objet de cette médisance. Le même raisonnement s'applique ici, parce qu'il n'ira certainement pas révéler à tous un chose infamante sur un membre de sa famille ou un ami proche, de sorte qu'à nouveau, il n'y a pas trois personnes présentes [susceptibles de diffuser la chose.]
Mis en ligne le 28 Adar chéni 5782 (31 mars 2022)

1 Il est évident que, de nos jours, l'expression « des mots écrits dans une lettre » est très lourde de conséquences, du fait de l'explosion de la communication écrite électronique sous toutes ses formes.
2 Au premier sens le « jugement » (un Beth Din, mot-à-mot la « maison du jugement », est un tribunal), mais aussi, dans un sens métaphysique, la stricte justice, et dans notre contexte « la règle applicable »
3 Par exemple « Untel est orgueilleux » ou « untel est bavard » ou encore « untel profane le Shabbat », qualifications péjoratives, sans équivoque.
4 Arakhin 16a : « חברך חברא אית ליה וחברא דחברך חברא אית ליה - Ton ami a un ami, et l'ami de ton ami a un ami. ». Ce héter est également enseigné au traité Baba Bathra 39a-b : « דְּאָמַר רַבָּה בַּר רַב הוּנָא כֹּל מִילְּתָא דְּמִתְאַמְרָא בְּאַפֵּי תְּלָתָא לֵית בָּהּ מִשּׁוּם לִישָּׁנָא בִּישָׁא - Rabba bar Rav Huna a enseigné : toute chose qui est dite devant trois personnes n'est pas interdite au titre de lashone har'a [du fait que c'est une chose qui est désormais de notoriété publique, en vertu du principe : ton ami a un ami...] »
5 « אֲבַק לָשׁוֹן הָרָע » La belle métaphore de la « poussière - avaq » désigne un concept qui est utilisé pour d'autres fautes, comme le vol par exemple. Il s'agit d'un comportement ou d'une action qui ne sont pas fautifs selon la halakha stricte, mais qui contiennent des traces de transgression. Celui qui cherche à parfaire ses midot et à améliorer son 'Avodat HaShem s'efforcera d'éviter ces comportements. Dans l'exemple pris par le Ḥafets Ḥayim, il aurait certainement suffi de répondre d'un ton neutre : « Vous trouverez probablement du feu à tel endroit. »
6 Arakhin 15b. Voici le texte : « La Guémara demande : qu'appelle-t-on lashone har'a ? [autrement dit, comment définit-on la médisance, et quelles sont les limites de l'interdiction ?] Rava a dit : Par exemple, si l'on dit : il y a toujours du feu chez untel [c'est-à-dire qu'on y prépare constamment de la nourriture]. Abayé répondit à Rava : qu'a-t-il fait [de mal en disant simplement qu'on cuisine constamment chez untel] ? [Ses paroles] révèlent seulement des faits [réels et ne sont pas du lashone har'a]. [Ce ne sera considéré comme du lashone har'a que si] c'est exprimé d'une manière calomnieuse. Par exemple s'il déclare : Où pourra-t-on trouver du feu, si ce n'est dans la maison d'untel, [car ils y cuisinent constamment de la nourriture] ? » - les interpolations entre crochets sont du Rav Adin Steinsaltz - Even Israël ztsl, publiées sur le site Sefaria.org.
7 Arakhin 16a. V. ci-dessus note 4
8 L'expression (rare sous sa plume) suggère que le Ḥafets Ḥayim s'aventure ici sur un terrain qui ne semble pas avoir été exploré par les Poskim, et risque ici son opinion personnelle, issue de son immense érudition, et du profond travail de recherche halakhique qu'il a conduit pour rédiger cet ouvrage (v. note suivante).
9 À partir du moment où on peut être assuré qu'une seule personne (sur les trois auditeurs « nécessaires ») se gardera de répéter ces paroles malveillantes à qui que ce soit, la médisance n'a plus lieu en présence de trois personnes et devient donc rigoureusement interdite.