Quatrième principe (4)

L'interdiction du lashone har'a ; Quatrième principe : Dixième section

Même si l'on observe chez une personne un trait de caractère dégradant, comme l'orgueil ou la colère, ou quelque autre mauvaise mida, ou encore si l'on constate qu'elle néglige l'étude de la Torah et autres choses semblables, il est bon d'en parler à son [propre] fils, ou à ses [propres] élèves pour les engager à ne pas fréquenter cette personne, en sorte de ne pas apprendre de ses comportements.

Parce que fondamentalement, la condamnation du lashone har'a par la Torah, y compris lorsque [les paroles prononcées] sont conformes à la vérité, s'applique au cas où son intention est de faire honte à son prochain, et de se réjouir de son humiliation [D. nous en garde]. Mais si son intention est de protéger ses proches de l'influence des mauvais comportements [de ce fauteur], il est évident que c'est permis, et c'est même compté comme une mitswa. Néanmoins, il semble qu'il y ait également mitsva dans ce cas d'expliquer la raison pour laquelle [il estime nécessaire de] parler de son prochain de manière défavorable, de sorte que [l'auditeur] ne fasse pas de confusion, ne croie pas que de telles paroles sont permises en général, et ne se demande pas comment la personne [qui parle ainsi] peut se contredire elle-même d'une telle façon, puisque d'une part elle affirme qu'il est interdit de prononcer des parles de lashone har'a (on expliquera au neuvième principe que c'est une grande mitsvah de préserver les jeunes enfants de cette faute), et d'autre part à présent, voilà qu'elle prononce elle-même de telles paroles !

L'interdiction du lashone har'a ; Quatrième principe : Onzième section

Sois également attentif à un principe fondamental en la matière. Prenons le cas où l'on veut associer son prochain à ses affaires, par exemple l'embaucher pour une tâche, ou s'associer avec lui, ou envisager un mariage ou des choses de ce genre. Même si l'on n'a pas entendu quoi que ce soit de négatif au sujet de la personne, il est permis de se renseigner auprès des gens [qui la connaissent] quant à son caractère et aux affaires [dans lesquelles elle est engagée]. Bien que [ceux qu'il interroge] lui diront peut-être des choses négatives, cela leur est permis dans la mesure où ils n'ont en vue que l'intérêt de la personne [qui les interroge], de sorte qu'on en vienne pas à des dommages, à des conflits ou des disputes, ou D.ieu préserve, à une profanation du Nom.

Il me semble pourtant que l'on doit avertir la personne sur laquelle on se renseigne que l'on souhaite conclure un mariage, s'associer avec elle comme on l'a vu. Si l'on agit ainsi, on ne craindra pas [de transgresser] un interdit, soit du fait des questions posées (puisqu'il n'a aucune intention de se montrer malveillant, mais ne cherche qu'à protéger son intérêt comme on l'a expliqué. Ajoutons cette condition qu'il devra veiller à ne pas croire complètement la réponse [négative] qu'il reçoit, en vertu de l'interdiction d'ajouter foi (d'être méqabel) à des paroles de lashone har'a. Il doit seulement « entendre » la réponse avec scepticisme, [dans le but de] se protéger lui-même (1). Il n'y a pas non plus lieu de craindre l'interdiction de « וְלִפְנֵי עִוֵּר, לֹא תִתֵּן מִכְשֹׁל - Devant un aveugle tu ne mettras pas d'obstacle » (2) (de la part de la personne qui interroge). Même si la personne interrogée parle de manière très négative, elle n'est pas non plus coupable, puisque son intention n'est pas de dénigrer son prochain, mais de dire la vérité dans l'intérêt de celui qui l'interroge et qui a pris conseil auprès de lui en la matière. C'est une chose que la Halakha permet.

Néanmoins, celui qui répond à cette enquête doit prendre grand soin de ne rien exagérer dans sa réponse au-delà de ce qu'il sait être la vérité, et au-delà des détails pertinents (voir plus loin, principe 9, les lois de rékhilout à ce sujet.)

Cependant, s'il n'informe pas son interlocuteur des motifs de ses questions, il devient lui-même « comme un étranger » [à l'objet de son enquête], de sorte qu'il apprend beaucoup sur le caractère de cette personne [sur qui il enquête], il semble évident qu'il en viendra à transgresser « devant un aveugle etc. » Par son truchement, en effet, son prochain [celui qui répond à ses questions] transgressera un interdit s'il parle [de la personne concernée] de manière négative, même s'il dit vrai, comme on l'a déjà expliqué, puisque d'après tous les Poskim, l'interdiction du lashone har'a s'applique à des paroles véridiques. Il ne peut en effet parler ainsi que si un certain bien pour autrui naîtra de telles paroles, et que c'est là son intention (3). Mais si ce n'est pas le cas, on ne peut parler [de manière négative]. Même si, incidemment, quelque bien peut sortir de ses paroles, dès lors que son intention est de dénigrer, « l'enquêteur » doit se comporter comme on l'a écrit.


Mis en ligne Rosh Ḥodesh Sivan 5782 (31 mai 2022)




























1 Voir dans l'introduction l'épisode rapporté par la Guémara (Nidda 61a) au sujet de Ghédalia. La Guémara concluait : « Rava [précise l'enseignement qu'il faut tirer de cet épisode] quant à ce qui est permis en entendant des paroles de ce genre. Bien qu'on n'ait pas le droit de les « recevoir », c'est-à-dire d'y ajouter foi, on a cependant le devoir de s'inquiéter du mal qui pourrait résulter du fait qu'on les a ignorées. »

2 Wayiqra - Lévitique 19,14.












3 La clarté et la pureté de l'intention sont des éléments essentiels de l'appréciation des situations complexes décrites par le Ḥafets Ḥayim.

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