Peut-on dénigrer Gad Elmaleh ?

Ce shi'our est dédié à l'élévation de l'âme des trois victimes de l'attentat d'Ariel :
Tamir Avichai, papa de 6 enfants, Michael Lydigin, 36 ans et Mordechai Ashkenazi, 59 ans, père de 3 enfants.

Nous nous sommes posé la question de savoir s'il est permis, ou même obligatoire d'appeler Gad Elmaleh un « rash'a », et de prononcer ou d'écrire et publier des paroles de lashone har'a à son sujet.

Comme j'avais un doute, compte tenu de l'extrême gravité de la faute du lashone har'a, je suis allé à la meilleure source dans ce domaine, à savoir notre bien-aimé Rabbi Israël Kagan haCohen,, Zekher Tsaddiq Liverakha.

Voici ce qu'écrit  le Ḥafets Ḥayim à ce sujet

L'interdit du lashone har'a, dans toutes ses dimensions, ne s'applique que lorsqu'on parle de celui qui appartient à la catégorie de « ton prochain » (amitékha), « le peuple qui est avec toi » dans la Torah et les mitsvot (1). Mais quant aux personnes qui adhèrent à « l'apikorsout » (2), c'est une mitsva de les dénigrer et de leur faire honte, en leur absence aussi bien qu'en leur présence, en tout ce qu'on voit ou qu'on entend d'eux. Il est écrit en effet : « Et vous ne léserez pas un homme son semblable (עֲמִיתוֹ), [tu auras la crainte de ton Éloqim] » (3) et aussi : « Tu n'iras pas colportant dans tes peuples (בְּעַמֶּיךָ) » (4). Ils n'appartiennent pas à cette catégorie, parce qu'ils n'agissent pas comme « ton peuple ». Il est écrit : « Je déteste ceux qui Te haïssent, j'ai en horreur ceux qui se dressent contre Toi. » (5) (8,5) »

Il écrit ensuite :

Or celui qui nie la Torah et la prophétie d'Israël, la Torah orale aussi bien que la Torah écrite, est appelé un apikoros (un hérétique), même s'il affirme que toute la Torah vient du Ciel à l'exception d'un verset, ou d'un seul « qal va'homer - קַל וָחֹמֶר » (raisonnement a fortiori), ou d'une seule « gzéra shavah - גְּזֵרָה שָׁוָה » (identité de termes), ou d'un dikdouk. » (Ibid)

Il semble que c'est assez clair.

Dans le séif suivant, il écrit :

Ceci ne s'applique que lorsqu'il a lui-même entendu d'eux des paroles hérétiques. Si d'autres lui en ont parlé, il est interdit de s'en prévaloir pour les dénigrer [ces personnes soupçonnées d'apikorsout], qu'ils soient présents ou non. On ne doit pas ajouter foi à de tels propos, comme on l'a vu au sujet de l'acceptation du lashone har'a (6). » (8,6)

Bien évidemment, dans ce cas précis, tout le monde a entendu ces paroles de sa propre bouche. Rappelons-nous qu'à l'époque du Ḥafets Ḥayim, ztsl, la radio était à peine inventée et très peu répandue. A fortiori les réseaux sociaux.

La cause semble entendue. Il serait non seulement permis, mais obligatoire de prononcer ou d'écrire et publier tout le mal qu'on pense de ce garçon, qui s'est exclu de la Communauté en faisant l'éloge de la 'Avoda zara.

Enfin, dans la septième section, il écrit :

Sache aussi que si une personne est connue dans la ville comme un rash'a, du fait d'autres transgressions pour lesquelles il est permis de le critiquer, la règle est la même. De quel [genre de personne] s'agit-il ? Quelqu'un dont les citoyens de la ville sont d'accord pour dire qu'il est sans le moindre doute un rash'a (c'est-à-dire qu'on a des rapports fiables disant qu'il transgresse des interdits connus de tout Israël). Mais s'il s'agit d'une vague rumeur entendue à son sujet, il est interdit de s'en prévaloir pour le dénigrer, D.ieu nous en préserve ! Y ajouter foi en son for intérieur est également interdit, comme on l'a vu (7). »

Pas de « vague rumeur », ici. Le monde entier a été le témoin de ces paroles inacceptables. Et il s'agit bien d'interdits « connus de tout Israël », comme l'éloge de l'idolâtrie.

Néanmoins, pour finir, le Ḥafets Ḥayim livre une confession inattendue, qui m'a beaucoup touché, et qui doit nous inciter à la prudence dans nos paroles, notamment publiques :

J'ai éprouvé une grande crainte en explicitant ce [héter] à cause des calomniateurs (בַּעֲלֵי הַלָּשׁוֹן) qui, à peine ont-ils entendu la trace d'une faute au sujet d'une personne, se précipitent pour l'étiqueter comme infâme, et se servir de mon livre pour justifier leurs paroles malveillantes. Malgré cela, je n'ai pas voulu m'abstenir de le mentionner, comme Ḥazal l'ont dit au sujet de Rabban Yoḥanan ben Zakkaï (8). » (8,7)

Ce dernier passage amène peut-être non à une atténuation de la condamnation des propos tenus publiquement, mais à un examen de nos motivations, et de l'orientation de nos réactions. Nous avons le devoir de mettre en garde nos frères et sœurs de ne pas céder à ce discours prétendument œcuménique, « ouvert, éclairé, tolérant », de ne pas mettre le bout d'un doigt dans la faute de l'idolâtrie (qui est également interdite aux goyim - Sanhédrin 57a), et d'écouter les vrais rabbanim, et non les pseudo-rabbin(e)s ou les prêtres catholiques.

La seule chose à laquelle un Juif doit s'attacher, c'est la Torah authentique qui nous a été transmise sans interruption depuis Moshé Rabbénou.


1 C'est-à-dire celui qui est, comme toi, se soumet aux obligations de la Torah et des mitsvot.

2 Le terme sera défini à la fin de la section.


3 Wayqra - Lévitique 25,17.

4 Ibid. 19,16, souvent cité, et le fondement de l'interdiction du lashone har'a dans la Torah. Ici, l'angle retenu est que ces interdictions s'appliquent à ceux qui sont « ton peuple », mais non à ceux qui s'en sont désolidarisés en quelque sorte. Les paroles négatives seraient donc permises à leur encontre.

5 Tehillim - Psaumes 139,21 : « הֲלוֹא-מְשַׂנְאֶיךָ יְהוָה אֶשְׂנָא; וּבִתְקוֹמְמֶיךָ, אֶתְקוֹטָט » D'autres traductions sont possibles, qui ne changent pas le sens du verset : il y a lieu de mépriser et même de haïr ceux qui méprisent et haïssent le Créateur. Un verset qui demande naturellement une réflexion approfondie, tant il semble contredire de nombreux principes énoncés jusqu'ici par le Ḥafets Ḥayim (voir septième section et la Guémara Baba Batra 89b).






6 Voir sixième principe.



















7 Voir principe 7.












8 Baba Batra 89b : « Rabban Yoḥanan ben Zakkaï dit au sujet de toutes ces halakhot [concernant l'intégrité des poids et mesures] : malheur à moi si je les enseigne ; malheur à moi si je ne les enseigne pas. Si je les enseigne, peut-être les fraudeurs apprendront [de nouvelles méthodes qu'ils ne connaissaient pas auparavant pour tricher avec les poids et mesures.] Et si je ne les enseigne pas, les fraudeurs diront peut-être : les Talmidéi Ḥakhamim ne connaissent pas les caractéristiques de notre métier !
On souleva devant [les Sages] le dilemme suivant : [Rabban Yoḥanan ben Zakkaï a-t-il décidé] d'enseigner ces halakhot en public, ou bien ne les a-t-il pas enseignées ? Rav Shmuel bar Rav Yitsḥaq dit : Il les a enseignées, et il les a enseignées en s'appuyant sur le verset : « כִּי-יְשָׁרִים דַּרְכֵי יְהוָה, וְצַדִּקִים יֵלְכוּ בָם, וּפֹשְׁעִים, יִכָּשְׁלוּ בָם - Droites sont les voies de HaShem, les justes y marchent ferme, les fauteurs y trébuchent. » (Hoshé'a - Osée 14,10)

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