Parashat Wayigash :

À l'heure du bonheur familial...

וַיִּסַּע יִשְׂרָאֵל וְכָל-אֲשֶׁר-לוֹ, וַיָּבֹא בְּאֵרָה שָּׁבַע; וַיִּזְבַּח זְבָחִים, לֵאלֹהֵי אָבִיו יִצְחָק. ב וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים לְיִשְׂרָאֵל בְּמַרְאֹת הַלַּיְלָה, וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב יַעֲקֹב; וַיֹּאמֶר, הִנֵּנִי. ג וַיֹּאמֶר, אָנֹכִי הָאֵל אֱלֹהֵי אָבִיךָ; אַל-תִּירָא מֵרְדָה מִצְרַיְמָה, כִּי-לְגוֹי גָּדוֹל אֲשִׂימְךָ שָׁם. ד אָנֹכִי, אֵרֵד עִמְּךָ מִצְרַיְמָה, וְאָנֹכִי, אַעַלְךָ « « גַם-עָלֹה; וְיוֹסֵף, יָשִׁית יָדוֹ עַל-עֵינֶיךָ

« Israël partit avec tout ce qui lui appartenait et arriva à Beer Shéva, où il immola des victimes (Wayisba'h zeva'him) au Éloqim de son père Yits'haq.

Éloqim parla à Israël dans les visions de la nuit, disant: "Ya'aqov ! Ya'aqov !" II répondit: "Me voici."

Il poursuivit : "Je suis le Qèl, Éloqim de ton père ; n'hésite pas à descendre en Égypte car Je t'y ferai devenir une grande nation.

Moi-même, Je descendrai avec toi en Égypte ; Moi-même aussi Je t'en ferai remonter. »

(Béréshit 46, 1-4)

Sans doute, ce fut là le jour le plus heureux de la vie saturée d'épreuves qu'a connue notre Père Ya'aqov. Après tant d'années de luttes et d'infortunes, Ya'aqov se met en route, pour rejoindre le fils qu'il avait abandonné tout espoir de jamais revoir. Mieux encore, les fractures apparues dans la famille semblent réparées. Tous ses fils ont désormais leur place dans l'harmonie familiale retrouvée.

Beer-Shéva, au Sud de la Terre d'Israël, est la ville-frontière qui marque la limite avec l'Égypte. Bien des événements de l'histoire de la famille des Avot ont eu lieu ici. Ya'aqov ne manque pas l'occasion de revenir sur cette histoire, et sur la façon dont ses ancêtres y avaient déchiffré l'œuvre de la Providence divine. En ce « lieu de mémoire », il marque le souvenir de ses pères par l'offrande de Korbanot à HaShem.

Mais, tandis qu'Avraham et Yits'haq avaient toujours offert des 'Olot (« holocaustes »), enseigne le Rav Adlerstein au nom du Rav Shimshon Raphaël Hirsch (1808-1888), Ya'aqov innove, et apporte des « Zéva'him », qui sont le plus souvent des Shélamim. Ce changement est naturellement significatif. Ce qui caractérise la 'Ola, sacrifice entièrement consumé sur l'autel, c'est la volonté de faire intégralement don de soi à HaShem.

L'exigence d'un abandon de soi à D.ieu est universelle. Elle surgit dans le cœur des non-juifs comme des Juifs. D'ailleurs, au Beth haMiqdash, on acceptait les 'Olot apportées par des non-juifs.

Les Shelamim relèvent d'un autre genre, et produisent un signe tout à fait différent. Le propriétaire de l'animal sacrifié en consomme une partie, qu'il apporte chez lui, amenant en quelque manière le Beth haMiqdash dans sa demeure. Sa maison devient un Mishqan (sanctuaire), sa table un Mizbéa'h (autel).

La 'Ola exprime l'idée d'aller vers HaShem, alors que dans le cas des Zéva'him, c'est HaShem qui vient à nous. Dans une famille unie dans sa dévotion à HaShem, Il pénètre les moindres aspects de la vie. Il se fait une résidence dans l'ordinaire, le prosaïque, le terre-à-terre, et le transforme en quelque chose de plus élevé ! Dès lors, Sa Présence se fait ressentir au sein de l'apparente routine de la vie familiale. Il est présent dans les activités quotidiennes les plus humbles, se lever, se laver, s'habiller, préparer la nourriture, boire et manger, qui ne semblent investies a priori d'aucun contenu spirituel. Dans le sanctuaire d'une famille juive, les fils et les filles deviennent les officiants.

Cette notion est exclusivement juive.

C'est la vocation essentielle du Peuple juif : amener la Présence dans le monde, sanctifier tous les aspects de l'existence.

Les non-juifs ne sont pas admis à offrir des Shélamim au Beth haMiqdash.

Pour la première fois depuis de longues années, Ya'aqov se sent heureux, débordant de de joie, d'un sentiment de complétude. Sa famille aussi est au complet. Ensemble, ils sont prêts à servir HaShem comme une famille unie.

Ils sont prêts à offrir des Shélamim !

Dans la profondeur de son humilité, Ya'aqov ne voit pas ici le résultat de ses efforts personnels, mais celui du mérite de ses pères : « au Éloqim de son père Yits'haq. »

Le Rav Hirsch fait l'hypothèse qu'au moment d'offrir ce Korban, c'est à la 'Aqéda (la ligature) de son père qu'il a pensé, fondement, pierre angulaire de la « carrière » spirituelle de Yits'haq.

Il s'est aussi rappelé des épreuves endurées au cours de son long séjour dans la maison de Lavan. Il a pu éprouver ces années de dure adversité comme une variation, dans sa propre vie, du thème de la 'Aqéda, comme si ces décennies avaient constitué sa propre 'Aqéda. Il se sent dès lors prêt à mettre cette épreuve derrière lui.

Et pourtant, la réponse de HaShem vient affecter le sentiment de joie que ressent Ya'aqov. « Dans les visions de la nuit », un contexte en soi susceptible d'altérer son humeur heureuse, HaShem appelle : « Ya'aqov ! Ya'aqov ! » Il ne s'adresse pas à Yisrael, le glorieux Patriarche des tribus, mais au fragile être humain, aux prises avec la difficulté. Et aussitôt, HaShem lie l'anxiété et le tourment à la révélation des événements à venir. L'exil ne sera pas un long fleuve tranquille !

Mais Ya'aqov ne se laisse pas ébranler : « Hinéni - Me voici ! », répond-il fermement. Tu peux troubler mon humeur, mais non ma détermination à Te servir. Je suis prêt à accomplir tout ce que Tu exigeras de moi. Tu me montres les difficultés qui nous attendent ? Je suis prêt à relever le défi, et je Te servirai, quelles que soient les conditions dans lesquelles Tu nous feras vivre !

La réponse divine ramène alors au premier sentiment de bien-être. HaShem rassure Ya'aqov : « Je suis le Qèl, Éloqim de ton père ; n'hésite pas à descendre en Égypte car Je t'y ferai devenir une grande nation. »

Tu viens d'apporter un Korban Shélamim, en signe de ta gratitude pour le grand bonheur familial dont ta famille a été bénie. Tu as attribué ce bonheur au D.ieu de ton père. Même lorsque tu descendras dans le bourbier égyptien, Je Me manifesterai comme le même D.ieu. De l'obscurité de cette longue nuit, tes enfants sortiront comme un peuple, comme une nation construite sur tes valeurs de bonté, de justice et de vérité, et dont chaque famille éprouvera les sentiments de bonheur et de plénitude qui sont les tiens en ce moment !

Puissent ces sentiments emplir nos âmes, celles de nos enfants autour de la table familiale, celles de notre peuple tout entier, uni dans la 'Avodat HaShem et l'attente de Mashia'h !

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