Premier principe

Mis en ligne le 20 Adar chéni 5782 (22 mars 2022)

Lé'ylou nishmat Aharon ben Ḥayim Touboul, 'alav haShalom

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L'interdiction du lashone har'a ; Premier principe : Remarques préliminaires

Ce premier principe permettra d'expliquer le issour du lashone har'a, par la bouche, par un signe, ou par une lettre - et la gravité de la sanction encourue par celui a pris l'habitude de [commettre] cette faute, comme la récompense prévue pour celui qui se garde de ce péché détestable, à quoi s'ajouteront d'autres détails. Il contient neuf sections.

L'interdiction du lashone har'a ; Premier principe : Première section

Il est interdit de parler de manière désobligeante de son prochain, même si ce que l'on dit est rigoureusement vrai. Et c'est le sens que Ḥazal (1) donnent constamment à l'expression « lashone har'a » (parce que si ses paroles étaient un mélange de vrai et de faux, et dénigrent encore davantage son prochain, cela entrerait dans la catégorie de « motsi shem r'a » [celui qui déshonore son prochain par de fausses accusations], et sa faute serait encore plus grave.) Celui qui profère des paroles de lashone har'a transgresse [en premier lieu] un commandement négatif [de la Torah] : « לֹא-תֵלֵךְ רָכִיל בְּעַמֶּיךָ. - Ne va pas colportant parmi les tiens » (2)

L'interdiction du lashone har'a ; Premier principe : Deuxième section

Ce commandement négatif que nous avons mentionné constitue ce que la Torah a dit de manière explicite au sujet de l'interdiction du lashone har'a et de la rékhilout. Mais par ailleurs, on transgresse un grand nombre de commandements positifs ou négatifs lorsqu'on profère des paroles de lashone har'a, comme on l'a expliqué plus haut.

L'interdiction du lashone har'a ; Premier principe : Troisième section

Tout ceci uniquement dans la mesure où il ne parle ainsi négativement de son prochain qu'occasionnellement. Mais si, D. nous en préserve, il a fait de cette faute une habitude, comme ceux qui sont accoutumés de s'asseoir et de dire : « Untel a fait ceci ou cela - ou ainsi agissaient ses parents - ou encore j'ai entendu telle chose défavorable à son sujet », Ḥazal appellent ces gens « ba'aléi lashone har'a » (3), et leur châtiment est bien plus sévère.

Car dans la perversité de leur esprit et la malignité de leur cœur, ils transgressent la Torah de HaShem, et elle devient hefker (4) à leurs yeux, comme on l'a expliqué à la fin de l'introduction. Il est écrit à leur sujet « יַכְרֵת יְהוָה, כָּל-שִׂפְתֵי חֲלָקוֹת-- לָשׁוֹן, מְדַבֶּרֶת גְּדֹלוֹת - Que HaShem retranche toutes les langues mielleuses, les lèvres qui s'expriment avec arrogance. » (5)

L'interdiction du lashone har'a ; Premier principe : Quatrième section

Ḥazal ont enseigné : Pour trois transgressions un homme reçoit un châtiment dans ce monde, et perd sa part du Monde à venir : l'idolâtrie, les relations interdites, et le meurtre - et le lashone har'a par-dessus tout. Ḥazal ont amené des preuves de l'Écriture. Et les Rishonim ont expliqué que [cet enseignement] s'applique à ceux qui ont fait de ce péché une habitude, et qui ne font aucun effort pour s'en protéger, car la chose leur est devenue « permise. » (6)

L'interdiction du lashone har'a ; Premier principe : Cinquième section

Il n'y a aucune différence, quant à l'interdiction du lashone har'a, entre le fait de parler de son propre chef, ou d'en être prié de manière insistante par son prochain. C'est interdit dans les deux cas. Même si son père, ou son Maître, qu'il doit honorer et craindre et dont il n'a pas le droit de contredire les paroles, exercent une pression pour qu'il leur parle d'un certain sujet, dont il sait qu'au décours de ses paroles, il en viendra nécessairement à du lashone har'a, ou même seulement de la « poussière » de lashone har'a, il n'a pas le droit d'y céder.

L'interdiction du lashone har'a ; Premier principe : Sixième section

S'il a conscience du fait qu'ayant pris sur lui de ne jamais parler défavorablement d'un Juif, ou de dire toute autre chose interdite, son moyen de subsistance (parnassa) risque d'en souffrir gravement, comme dans le cas où il est soumis à des employeurs qui n'ont pas la moindre trace de Torah (et on sait, du fait de nos nombreuses fautes, à quel point de telles personnes s'enfoncent dans cette transgression, allant jusqu'à railler ou prendre pour un faible d'esprit celui qui n'ouvre pas la bouche [pour dénigrer autrui] comme ils le font. Il peut même arriver qu'ils lui fassent perdre son emploi et le privent de sa parnassa.)

En dépit de tout cela, il lui est interdit de transgresser, comme c'est le cas de tous les autres commandements négatifs, pour lesquels on doit abandonner tous ses biens plutôt que de les transgresser. (7)

L'interdiction du lashone har'a ; Premier principe : Septième section

On comprendra de tout ceci que le lashone har'a est certainement interdit dans le cas où son honneur seulement est en jeu.

C'est le cas lorsqu'on est assis en compagnie de personnes qu'on a pas le loisir d'éviter, et qui parlent d'une manière interdite selon le Din. Si l'on reste silencieux, et si l'on s'abstient d'encourager leurs paroles, on [risque] d'être considéré comme un idiot. C'est à ce sujet (et à d'autres) que Ḥazal ont dit : « Il vaut mieux passer pour un faible d'esprit tous ses jours durant que [de se conduire avec] méchanceté un seul instant devant le Tout-Puissant. » (8) Il devra alors rassembler toutes ses forces pour faire face aux accusations, et [s'il agit ainsi] il peut être absolument assuré que la récompense de HaShem Yitbarakh sera éternelle ! Comme l'ont enseigné Ḥazal : « בֶּן הֵא הֵא אוֹמֵר, לְפוּם צַעֲרָא אַגְרָא - La rétribution est fonction de l'effort » (9) et dans les Avoth de Rabbi Natane : « Une fois dans la difficulté contre cent fois dans la facilité » (C'est-à-dire que la rétribution pour l'accomplissement d'une mitsvah ou l'abstention d'un interdit, qui supposent un effort difficile, vaut cent fois ceux qui n'entraînent aucune difficulté.)

Et au moment de cette épreuve, s'applique certainement l'enseignement des Sages du Midrash : « Pour chaque moment où il met une muselière à sa bouche, il accède à une lumière cachée, qu'aucun ange ou créature [divine] ne peut percevoir. » (Quant au comportement qu'on doit adopter en matière de réprimande et d'écoute si l'on se trouve en mauvaise compagnie, voyez plus loin Principe VI ainsi que dans l'introduction le commandement négatif 16.)


1 Nos Maîtres de mémoire bénie.





2 Wayiqra - Lévitique 19,16.













3 Littéralement « les maîtres de la médisance »



4 Littéralement « sans propriétaire », c'est-à-dire sans valeur, sans importance. Voir dans l'introduction la troisième des malédictions.

5 Téhillim - Psaumes 12,4.







6 La Guémara, dans le traité Qiddoushine, enseigne que lorsqu'un homme pèche une première fois, puis répète sa transgression, la chose lui devient « permise ». Naturellement, les Sages demandent si la chose lui est vraiment permise ! La Guémara répond que non, évidemment. Mais dans sa conscience, il se croit fondé à agir comme si elle était permise.













7 V. Shoulkhan Aroukh, Yoré Déah 157,1.









8 Édouyot 5,6.



9 Pirké Avoth - Maximes des Pères 5,23. La récompense n'est pas liée au résultat obtenu, qui dépend exclusivement du Créateur.

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