Mis en ligne le Rosh Ḥodesh Adar chéni (1er février 2022)

Commandements positifs (2)

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DIX Et si la personne [qu'il a dénigrée] se trouve être son frère aîné, ou le mari de sa mère, ou le père de son épouse, il transgresse également le commandement positif d' « honorer », puisqu'ils sont inclus dans [la mitsvah, par l'emploi et la conjonction « ète »] de « כַּבֵּד אֶת-אָבִיךָ, וְאֶת-אִמֶּךָ - Honore ton père et ta mère » (1) comme l'explique la Guémara (2). À plus forte raison, s'il prononce de telles paroles, D. nous en préserve, contre son père ou sa mère eux-mêmes, car il est certain qu'il transgresse le commandement positif d'honorer son père et sa mère. En outre, il enfreint également le verset : « אָרוּר, מַקְלֶה אָבִיו וְאִמּוֹ - Maudit celui qui humilie son père et sa mère » (3), puisse le Ciel nous protéger !

ONZE Dans tous ces cas, il transgresse également le verset : « אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ תִּירָא - HaShem ton Éloqim tu craindras, » (4) par quoi il nous est ordonné de crainte HaShem Yitbarakh tous les jours de notre vie. Lorsqu'une occasion [de transgression] se présente, on a le devoir de mobiliser son esprit à cet instant [pour réaliser que] HaQadosh Baroukh Hou observe les actes de chaque homme, et « en tire rétribution » selon la gravité du mal commis. En réalisant cela, il n'en viendra pas à enfreindre la Volonté de son Créateur. Il est certain que celui qui abandonne son âme au péché du lashone har'a et de la rékhilout viole ce commandement positif [de craindre HaShem].


DOUZE Dans tous ces cas également, alors qu'il profère des paroles de lashone har'a et de rékhilout, il transgresse la mistva positive d'étudier la Torah, qui est une obligation absolue, comme l'enseigne le Rambam (5) et tous ceux qui ont établi la liste des mitsvot. La récompense de cette mitsva est sans limites, et elle surpasse toutes les mitsvot, comme l'enseigne la première Mishna du traité Péah (6). Aucune mitsva ne peut être comparée à l'énonciation d'une parole de la Torah. Inversement, la sanction pour la négligence de l'étude est plus sévère que pour aucune autre transgression, comme l'ont expliqué nos Sages de mémoire bénie : « HaQadosh Baroukh Hou ferme les yeux sur [les trois fautes capitales que sont] l'idolâtrie, les relations interdites et le meurtre. Mais Il ne ferme pas les yeux sur la négligence de la Torah ! » (7) Dans certains cas, il arrive que l'homme échappe au châtiment du Tribunal céleste pour cette faute [d'avoir négligé l'étude], parce qu'il était occupé à gagner sa subsistance ou bien à en chercher une. Mais lorsqu'il profère des paroles de lashone har'a ou de rékhilout, comment cela pourrait-il contribuer à sa parnassa ? [Comme on l'a vu] il transgresse ainsi de nombreux commandements négatifs. Comme l'explique le Semag (8), la Torah nous a enjoints par beaucoup de commandements négatifs de ne pas nous séparer de la Torah, de quelque façon que ce soit. Il existe toujours une voie par laquelle on pourra accomplir ce commandement positif. S'il étudie régulièrement, par son étude ; si ce n'est pas le cas, par la lecture des livres saints qui sont traduits en langue courante à notre époque (9), comme le ovot halévavoth (10), ou le Ménorath hamaor (11) et autres ouvrages du même genre, et rien ne l'oblige à rester oisif, à négliger l'étude et [au lieu d'étudier], à colporter des paroles de lashone har'a et de rékhilout. J'ai vu [cette idée] exprimée au nom du Gaon de Vilna (12) qui explique la différence entre Din (le jugement) et eshbon (le fait de rendre des comptes). Din, c'est le jugement porté sur l'acte lui-même ; Ḥeshbon, c'est être amené à rendre des comptes sur le temps qu'on aurait pu consacrer à l'accomplissement d'une mitsva. « Malheur à nous au jour du jugement ! » Que pourrons-nous répondre si HaQadosh Baroukh Hou fait contre nous le compte de chaque moment d'oisiveté, de paroles vaines, désobligeantes ou légères, de rékhilout et de lashone har'a, outre la négligence de la Torah pendant ces instants ! Car en vérité, pour chaque mot [lié à] l'étude de la Torah, on accomplit la mitsva positive elle-même [d'étudier la Torah] ! Et si l'on apprend un chapitre de Mishnayot, ou une page de Guémara, on accomplit plusieurs centaines de mitsvot, comme le Gaon de mémoire bénie l'a écrit dans « Shenot Éliyahou » (13). S'il en est ainsi, le compte (le eshbon) se montera à des milliers de saintes paroles de Torah, chaque mot constituant une grande mitsva en soi, qu'on s'est employé à annuler, et contre [ces paroles de Torah, seront comptabilisées] des milliers de transgressions du commandement positif d'étudier que nous avons commises ! Combien plus grave est la faute, si à l'instant même où il se sépare de la Torah, il profère des paroles de lashone har'a ! Car pour toute remarque désobligeante à l'encontre de son prochain, il transgresse un commandement négatif distinct, comme l'indique la Guémara (14), ainsi qu'au nom de Rabbénou Yonah plus haut. De sorte que, si l'on tient compte de la seule transgression de « se séparer de la Torah » pour chaque moment de lashone har'a, il faudra ajouter plusieurs centaines de [transgressions de] commandements positifs et négatifs. À plus forte raison, si l'on y ajoute [la transgression de] beaucoup d'autres commandements positifs et négatifs sur lesquels nous nous sommes étendus jusqu'ici. C'est pourquoi l'on doit s'abstenir de se laisser aller à de telles vanités !


1 Shemot - Exode 20,11.

2 Ketouvot 103a.


3 Devarim - Deutéronome 27,16.

4 Devarim - Deutéronome 6,13.











5 Hilkhot Talmud Torah 1, et Sefer Hamitsvot (Commandement positif 11).

6 Talmud Babli Péah, 1,1 et Yéroushalmi, ibid., qui énumère les Mitswot dont les dividendes sont distribués dans ce monde-ci, tandis que le capital est conservé pour le Monde à venir « ותלמוד תורה כּנגד כּלם - Mais l'étude de la Torah les surpasse toutes.»


7 Petiḥa déEikhah Rabati, 2.





8 Sefer Mitzvot Gadol (en hébreu : ספר מצוות גדול; « Le grand livre des commandements », en abrégé : סמ"ג‎, « SeMaG ». C'est l'œuvre de Moshé Ya'aqov de Coucy (un des ba'aléi ha Tossefot de la première moitié du XIIIè s.) et fut achevé en 1247 ec.

9 Le Ḥafets Ḥayim évoque ici le Yiddish, langue dans laquelle, avant la Shoah, on pouvait trouver de nombreux ouvrages traduits.

10 Ḥovot halévavot (en hébreu : חובות הלבבות; « les devoirs des cœurs ». Oeuvre de Rabbi Bahia Ibn Paquda, qui aurait vécu à Saragosse au XIè s. Écrit en Judéo-arabe (avec des caractères hébraïques) vers 1080 ec, l'ouvrage devint très populaire, et fut traduit en plusieurs langues, dont l'hébreu, le latin, et le Yiddish.

11 Compilation de sermons basés sur le Midrash et les Aggadot, écrite en judéo-espagnol vers 1260 par Rabbi Isaac ben Abraham Aboab, et traduit dans ne nombreuses langues (mais sauf erreur, pas en français).

12 Rabbi Éliyahou ben Shlomo Zalman, plus connu comme le Gaon de Vilna - Le Génie de Vilna - ou simplement par son acronyme hébraïque HaGRA (HaGaon Rabbénou Éliyahou - Notre Maître Élie, le Génie (1720-1797). Un des plus grands maîtres de la période des Aḥaronim.

13 Sur la Mishna Yéroushalmi Péah 1,1 déjà,citée. Chénot Éliyahou est un commentaire sur la Mishna du Gaon de Vilna.

14 Makkot 20b, où la Guémara enseigne que celui qui pratique cinq incisions de sa chair en signe du deuil d'un mort, ou celui qui pratique une incision pour chacun de cinq morts est ḥayav (passible, ici de flagellation) cinq fois (c'est-à-dire qu'il recevra cinq séries de trente-neuf coups), chaque infraction étant traitée individuellement.

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