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Commandements positifs (1)

Mis en ligne le 21 Adar rishon 5782 (22 février 2022) 

DEUX Celui [qui profère des paroles de lashone har'a] transgresse aussi le verset : « וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ - Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (1) par quoi il nous est enjoint d'être aussi soucieux de l'argent du prochain que du nôtre, et d'avoir le souci de son honneur et de faire son éloge, comme nous avons le souci du nôtre. Si une personne dit ou écoute des paroles de lashone har'a ou de rékhilout à l'encontre de son prochain, bien que ces paroles soient conformes à la vérité. il montre ainsi qu'il ne l'aime pas du tout, et il enfreint encore davantage le « kamokha » (comme toi-même) ! La grande preuve à cet égard, est la suivante : chaque homme ne connaît-il pas, ses propres défauts ? Pourtant, jamais, au grand jamais il ne voudrait que son prochain en connût même la millième partie ! Et s'il arrive que quelqu'une de ses fautes soit connue de son prochain, qui va aller les raconter à d'autres, voyez comme il espère et prie que HaShem ne permette pas qu'ils ajoutent foi à ces paroles, de sorte qu'il ne perde pas toute dignité à leurs yeux, et cela bien qu'il se sache coupable de très nombreuses fautes, bien au-delà de ce que son prochain a pu révéler. Cependant, dans l'excès de son amour-propre, tout cela est balayé.

C'est exactement comme cela que d'après la Torah, on devrait se comporter à l'égard de son prochain, et avoir en toute chose le souci de son honneur. Ce n'est pas en vain que la Torah nous raconte l'épisode suivant de l'histoire de Noaḥ : « וַיַּרְא, חָם אֲבִי כְנַעַן, אֵת, עֶרְוַת אָבִיו; וַיַּגֵּד לִשְׁנֵי-אֶחָיו, בַּחוּץ. כג וַיִּקַּח שֵׁם וָיֶפֶת אֶת-הַשִּׂמְלָה, וַיָּשִׂימוּ עַל-שְׁכֶם שְׁנֵיהֶם, וַיֵּלְכוּ אֲחֹרַנִּית, וַיְכַסּוּ אֵת עֶרְוַת אֲבִיהֶם; וּפְנֵיהֶם, אֲחֹרַנִּית, וְעֶרְוַת אֲבִיהֶם, לֹא רָאוּ - Il but de son vin et s'enivra, et il se mit à nu au milieu de sa tente. Ḥam, père de Kéna'an, vit la nudité de son père, et alla dehors l'annoncer à ses deux frères. Shem et Yaphet prirent la couverture, la déployèrent sur leurs épaules, et, marchant à reculons, couvrirent la nudité de leur père, mais ne la virent point [lorsqu'ils s'approchèrent pour le couvrir], leur visage étant retourné. » (2) La Torah rapporte également la bénédiction dont Noaḥ les gratifia (3), et qui s'accomplit finalement (4), pour nous enseigner la grandeur de ce comportement, qui consiste à couvrir toute chose inconvenante chez son prochain, de toutes ses forces, comme on le ferait pour soi-même !

TROIS Parfois, il transgresse aussi le verset : « בְּצֶדֶק, תִּשְׁפֹּט עֲמִיתֶךָ - juge ton semblable avec justesse. » (5) Par exemple, si l'on entend son prochain dire ou si on le voit faire quelque chose qui peut être interprété soit comme juste et méritoire, soit dans le sens contraire, même si cette personne [peut être considérée] comme « moyenne », la Torah, par ce commandement positif, nous fait un devoir de le le juger comme méritant (lekaf zekhout) (Si c'est un homme [connu pour sa] crainte de D.ieu, on doit le juger favorablement, même si [les faits semblent] faire pencher la balance dans le sens de la culpabilité plutôt que du mérite.) Celui qui irait colporter des paroles malveillantes à son sujet à cause de ce qu'il a dit ou fait, ou celui qui prêterait l'oreille, se ferait une opinion négative à cause de ce qu'il a entendu, et le juge défavorablement, transgressent tous deux ce commandement positif.


QUATRE Si par le lashone har'a ou la rékhilout, il en vient à dénigrer son prochain au point qu'il en perde ses moyens de subsistance, par exemple en le décrivant publiquement, par pure méchanceté, comme une personne malhonnête, ou incompétente dans son domaine d'activité, ou d'autres défauts de ce genre, il transgresse aussi le verset : « וְכִי-יָמוּךְ אָחִיךָ, וּמָטָה יָדוֹ עִמָּךְ--וְהֶחֱזַקְתָּ בּוֹ, גֵּר וְתוֹשָׁב וָחַי עִמָּךְ - Si ton frère vient à déchoir, si tu vois chanceler sa fortune, soutiens-le, fût-il étranger et habitant (guèr toshav), et qu'il vive avec toi. » (6) ainsi que « וְחֵי אָחִיךָ, עִמָּךְ - et que ton frère vive avec toi. » (7) par quoi nous avons le devoir de tendre la main à un Juif qui connaît des temps difficiles, soit en lui faisant un don ou un prêt, soit en s'associant avec lui, ou encore en lui trouvant un emploi, en sorte qu'il retrouve des forces, et ne tombe pas dans la dépendance des hommes. À bien plus forte raison n'avons-nous pas le droit de causer la perte de ses moyens de subsistance !

CINQ Parfois, en prêtant l'oreille au lashone har'a ou à la rékhilout, il transgresse également le verset : « הוֹכֵחַ תּוֹכִיחַ אֶת-עֲמִיתֶךָ - Réprimander tu réprimanderas ton prochain. » (8) Dans le cas où il entend son prochain commencer à dénigrer une personne, s'il sait que ses paroles de remontrance seront acceptées (ou même s'il existe seulement une chance qu'elles soient acceptées), le din (l'obligation halakhique), c'est qu'il doit le réprimander, de sorte que la faute ne soit pas consommée. Par conséquent, s'il le laisse aller jusqu'au bout [de ses paroles de lashone har'a], il enfreint certainement ce commandement positif.

SIX Tout ce que nous venons de dire s'applique s'il parle de manière négative en s'adressant à une personne. Mais s'il s'associe à une coterie d'hommes méchants, portés sur la médisance, pour dénigrer son prochain ou entendre d'eux de telles paroles, il transgresse aussi le verset : « וּבוֹ תִדְבָּק - Attache-toi à Lui seul. » (9) que nos Maîtres ont interprété comme : «Attache-toi aux Talmidéi Ḥakhamim, fréquente leurs assemblées en toute circonstance - mangeant, buvant et faisant même du commerce avec eux, et s'associant à eux dans toutes sortes d'activités - tout cela dans le but d'apprendre de leurs actions. Par conséquent, il est certain que celui qui fait tout l'inverse, en s'associant à un groupe d'hommes méchants, transgresse ce commandement positif.

SEPT Tout cela [est vrai] en dehors du Beth haMidrash (la « maison d'étude »). Mais celui qui prononce des paroles de lashone har'a et de rékhilout dans le Beth haMidrash ou dans la Synagogue enfreint aussi le verset : « וּמִקְדָּשִׁי תִּירָאוּ - Et Mon Sanctuaire vous craindrez. » (10) (Notre Beth haMidrash est inclus dans la catégorie du Sanctuaire - Miqdash (11)). Ce verset nous enjoint de craindre Celui qui réside en ce lieu. On n'y fait de comptes qu'en rapport avec une mitsvah, comme la caisse de tsedaqah ou d'autres choses du même genre. Il est d'autant plus interdit d'y rire [bruyamment], d'y faire des plaisanteries, d'y mener de vaines conversations. C'est une interdiction absolue, comme l'explique le Shoulkhan Aroukh (12). Et, outre l'interdit très grave en soi [du lashone har'a] il est évidemment encore plus proscrit d'y tenir des propos de lashone har'a ou de rékhilout, dans la crainte de HaShem Yitbarakh qui réside en ce lieu. De telles paroles montrent qu'il ne croit pas que HaQadosh Baroukh Hou fait reposer Sa Shékhina dans cette maison, et il a l'arrogance, dans la maison du Roi, de parler contre la Volonté du Roi ! Même ceux qui étudient régulièrement dans le Beth haMidrash, où il leur est permis de manger et de boire (13), s'ils se laissent aller aux rires et aux plaisanteries, ou au lashone har'a et à la rékhilout dans le Beth haMidrash, transgressent le commandement positif : « Et Mon Sanctuaire vous craindrez, » en plus de l'interdit lui-même. Comme l'écrit le Maguen Avraham (14) « N'exhorte-t-on pas les Talmidéi Ḥakhamim en ce qui concerne la crainte du Sanctuaire ? Tout ce qu'on leur a permis, par obligation, c'est de manger et de boire, parce qu'ils étudient au Beth haMidrash. S'ils devaient manger et boire en dehors du Beth haMidrash, leur étude serait interrompue. » (En ce qui concerne les conversations ordinaires des Talmidéi Ḥakhamim, qui ne sont pas des paroles vaines, voyez ce que nous avons écrit avec l'aide de D. dans la troisième partie.)

HUIT Si la personne devant qui il a prononcé des paroles de lashone har'a ou de rékhilout est un ancien, et qu'il l'a dénigré face à face, même si cette personne âgée est un ignorant, il transgresse aussi le verset : « וְהָדַרְתָּ פְּנֵי זָקֵן - Tu respecteras la face du vieillard. » (15) Même si le זָקֵן du verset fait référence à un homme sage, Ḥazal ont enseigné que « Tu respecteras » s'applique aussi à la « tête blanche - שֵׂיבָה » [du début du verset], car « respecter » (ou « honorer ») se réfère à l'idée d'honorer par des paroles, c'est-à-dire lui parler avec respect et [un langage] honorable. Et s'il le dénigre, il est certain qu'il ne l'honore pas ! De la même manière, si c'est un homme sage, même s'il n'est pas âgé, il transgresse ce commandement positif. L'ancien (זָקֵן) du verset se rapporte en effet à un homme sage, selon l'interprétation [du mot] « zaqen : celui qui a acquis la sagesse. » (outre la transgression plus grave encore de faire honte à un Talmid Ḥakham, ce qui le fait entrer selon le din dans la catégorie des « apikoros » (hérétiques). Avec l'aide de D., nous développerons ces points.

Enfin, si cette personne âgée est aussi un sage, il transgresse doublement « Et tu respecteras ».

NEUF Si la personne devant qui il a parlé est un Cohen, et qu'il l'a dénigré face à face, il transgresse aussi le verset : « וְקִדַּשְׁתּוֹ - Tu le consacreras » (16) (ou « tu le sanctifieras ») par quoi il nous est enjoint leur accorder [aux Cohanim] beaucoup d'honneur. Et alors qu'il profère des paroles de lashone har'a ou de rékhilout à son encontre, il est certain qu'il ne lui fait pas honneur, et par conséquent, il enfreint [ce commandement positif].


1 Wayiqra - Lévitique 19,18, que Rashi commente ainsi : « Rabbi 'Aqiva a enseigné : C'est là un principe fondamental dans la Torah (זֶה כְּלָל גָּדוֹל בַּתּוֹרָה - Torath kohanim). »















2 Béréshit - Genèse 9,21-23.

3 Ibid. 26-27 : « וַיֹּאמֶר, בָּרוּךְ יְהוָה אֱלֹהֵי שֵׁם; וִיהִי כְנַעַן, עֶבֶד לָמוֹ. כז יַפְתְּ אֱלֹהִים לְיֶפֶת, וְיִשְׁכֹּן בְּאָהֳלֵי-שֵׁם; וִיהִי כְנַעַן, עֶבֶד לָמוֹ - Il ajouta: "Soit béni HaShem, Éloqim de Shem et que Kena'an soit leur esclave, que Éloqim agrandisse Yaphet ! Qu'il réside dans les tentes de Shem et que Kena'an soit leur esclave !'' »

4 Comme le précise Rashi : « Béni soit HaShem, le Éloqim de Shem Qui accomplira Sa promesse envers ses descendants en leur donnant le pays de Kena'an. »

5 Wayiqra - Lévitique 19,15. Rashi donne deux pshatim : « Tu jugeras ton semblable avec justesse : À prendre au sens littéral. Autre explication : Juge ton semblable en lui accordant un préjugé indulgent (Sanhédrin 32a). » C'est cette seconde leçon que le Ḥafets Ḥayim semble retenir. Le Rabbinat rendבְּצֶדֶק par « avec impartialité ».





6 Wayiqra - Lévitique 25,35 ; Rashi explique ainsi les notions de « guer » et « toshav » : « Étranger et habitant : Même s'il est étranger (converti, c'est-à-dire juif à part entière) ou « habitant ». Et qu'est-ce qu'un « habitant » ? C'est quelqu'un qui s'est engagé à ne pas se livrer à l'idolâtrie, mais qui consomme des nevéloth (des animaux qui n'ont pas été abattus rituellement).»

7 Ibid. 25,36.

8 Ibid. 19,17.











9 Devarim - Deutéronome 10,20.









10 Wayiqra - Lévitique 19,30.

11 Sur le plan halakhique, la sainteté du Beth haMidrash est même plus grande que celle de la Synagogue..



12 Ohr haḤayim 151,11.






13 Ibid. L'autorisation de manger, de boire et même de dormir, toutes choses interdites dans une Synagogue, a pour but de faire perdre le moins de temps possible à ceux qui étudient la Torah.

14 151,2. Rabbi Abraham Abele Gombiner (vers 1635 - 1682), connu sous le nom de son œuvre : le Maguen Avraham, commentaire du Ohr haḤayim (une partie du Shoulkhan Aroukh de Rabbi Yossef Karo.)





15 Wayiqra - Lévitique 19,32.














16 Wayiqra - Lévitique 21,8, au sujet du Cohen : « car c'est lui qui offre le pain de ton Éloqim ; qu'il soit saint pour toi, parce que Je suis saint, moi HaShem, qui vous sanctifie. »

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